Maison des SDF
Projet de concours en 1994
C'était un concours d'architecture en 1994. Il s'agissait de donner aux SDF une maison où ils pourraient être en contact avec la société, non pour y habiter, mais pour disposer d'une boîte aux lettres, d'un fax, maintenant il y aurait un email et le Web. Dans ce projet, j'ai voulu affirmer l’expression d’un Toit. Son caractère est à la fois familier et singulier. Il se veut chaleureux et manifeste. Sa modernité, c’est de rompre avec l’architecture technologique, c’est de ne pas vouloir ressembler à du “design urbain”, c’est de n’avoir rien de commun avec la bureaucratie ni avec le mercantilisme ostentatoire, bref, de ne pas être semblable à cette dureté, pseudo esthétique et fonctionnelle, qui participe à la condition des S.D.F.
La maison est à l'angle de la rue St Sulpice et de la rue de Condé. Elle réunit rondement l'espace et accueille en douceur les SDF. Le pignon pentu se dresse haut, en confortant l’idée d’une balise urbaine, mais la couverture en tuile plate, comme on en voit encore sur les bâtiments du Paris populaire, évoque plutôt une grande maison. Ce n’est pas parce que les S.D.F. occupent les halls de gare et utilisent leurs équipements que leur maison doit avoir la même typologie. Dans cet esprit, un jardin borde la façade rue de Condé, planté de rosiers généreux. Ce lopin de terre a son importance. De même, les plafonds sont lambrissés de mélèze brut, parce que la noblesse des matériaux simples doit être donnée aux plus démunis. La composition des ouvertures en façade est volontairement décalée de manière à exprimer la singularité, tout en accompagnant la courbure des murs et l’élévation du pignon.